Thalmud de sidi bou Ali de Nafta
Chants et danses mystiques du Jérid : Thalmud de sidi bou Ali de Nefta.
Le Thalmud est un ensemble de chant et de danse (transe) mystiques lié au saint de NAFTA Sidi bou Ali assunni (10ème et 11ème siècles) qui à vécu dans la région du jerid et du grand Zaab ou Kastillia ( le 5ème gouvernorat du Maghreb) dans une période de l’histoire de l’Ifriqiya médiévale caractérisée à la fois par l’exode des savants, le recul des sciences théologiques et mystiques et surtout par la recrudescence de l’insécurité et la prolifération des mouvements schismatiques d’obédience Kharijite particulièrement ibâdite, à la suite de la grande invasion Hilalienne qui à déstabilisée les équilibres précaires des cités du pays. Sidi Bou Ali à été surnommé Assunni par ses adeptes et fidèles pour la grande ténacité avec laquelle il défendait le rite sunnite face aux mouvements schismatiques, c’est ainsi qu’il s’est forgé la notoriété d’un grand savant doublé d’un grand combattant et surtout d’un grand défenseur des causes des populations démunies et soumises aux diverses exactions. Par ses multiples voyages et contacts avec les grands exégètes de l’époque (Sidi Bou Saïd el beji, Sidi Abdelaziz Al Jarrah, Abu Madien Al Ghouth et Youssef Addahmani…) Sidi Bou Ali à acquit une dimension charismatique qui a largement dépassé la région du jerid et un respect pour ses positions justes et modérées même par ses adversaires Ibadites. Ses actions et son parcours dans une vie longue de 117 ans ont fait de lui déjà de son vivant un saint aux « miracles attestés» (Karamats et manakebs) par ses adeptes et disciples.
Blotti au creux de l’oasis luxuriante de Nafta, la zaouïa mausolée de sidi bou Ali attire les populations du jerid de Gabes des hmamma et du sahel qui lui vouent une grande vénération qui se manifeste par des pèlerinages, des promesses (Ouâda) et des offrandes de toutes sorte. Le rassemblement annuel se tient lors de la Kharja de 3ème jour de l’aïd el Kabîr qui rassemble des milliers de pèlerins venus de toutes les régions de Tunisie et même d’Algérie pour communier en une veillée dans le sanctuaire et aux alentours et participer le lendemain à la grande procession rythmée par les percussions et les chants mystiques aux grand bonheur des disciples hommes et femmes, qui se laissent aller à la transe collective. Le cortège traverse la ville depuis son entrée pour atteindre la Zaouïa vers le milieu de la journée dans une forêt d’étendards aux couleurs chatoyantes du saint et des saints d’autres régions. L’ensemble du Thalmud se produit généralement soit à l’occasion des ziaras pèlerinages du saint soit à la demande de particuliers qui ont «fait une promesse » Ouâda au saint à la suite d’une demande «intercession » pour résoudre une crise ou une difficulté laquelle demande a été exhaussée. Le rituel du groupe comprend une partie «sacrée » comprenant des Dhikr et des chants à la louange du prophète et du saint. Quand à la partie profane, et la plus importante dans le rituel de Hadhra de Sidi Bou Ali, elle relève de la musicothérapie basée sur le phénomène de la transe ; cette partie assez spectaculaire, démarre par une sorte de « contrôle des connaissances » d’un jeune novice par le Chaouch qadim qui soumet le jeune à un dialogue dans lequel se mélange des résidus de Haoussa, bambara, Seriani et turc c’est un moment au cours duquel on sent la montée des tensions à leurs paroxysmes chez les adeptes de la transe, ils attendent avec impatience le signal de serdah berdah qui libère les bendirs et tangoura ou kurkutu dans un rythme endiablé dans le nuage de jawi qui s’élève des couscoussiers en terre cuite et remplis de braise que les assistants du chaouch qadim secouent vigoureusement aux visages des candidat à la khamra ou takhmia. Prés d’une cinquantaine de percussionnistes chanteurs et secoueurs de couscoussiers en braises emportent spectateurs et danseurs dans un tourbillon de sonorités, rythmes effluves d’encens pendant une grande partie de la soirée au cours de la quelles certains « possédés » n’hésitent pas à marcher sur des charbons ardents ou se faire griller le dos et les membres par une branche de palmier en flammes…..
Encore un aspect de la belle et chatoyante mosaïque culturelle de notre beau pays, un aspect qui emprunte aux diverses stratifications historiques,sociales et ethniques des éléments représentatifs des mythes et légendes païennes, Arabo-musulmanes nègres et ottomanes.
Je vous promets une vidéo le plutôt possible.
Publié par Azwaw soumendil awragh أزواو سومنديل آوراغ à l'adresse 15:16
Libellés : danse de possession, Ibadhites, musique, mysticisme, patrimoine, schismes, Sidi Bou Ali